Cette 11ème session constitue un moment fort dans la trajectoire de notre Conseil parce qu’elle se tient à mi-parcours de notre mandat. Pour l’occasion la loi régissant l’organisation et le fonctionnement du conseil, ouvre la possibilité de revoir la composition des Commissions et la répartition des membres en leur sein comme elle autorise l’éventualité d’une réélection des présidents et rapporteurs des Commissions Permanentes et des membres du Bureau.
Il est donc clair, à la lumière de ces dispositions législatives, que nous sommes conviés à entamer une nouvelle étape, à prendre un nouvel élan pour rebondir et nous redéployer. C’est pourquoi une séquence importante de la présente session sera consacrée à la reconfiguration des organes et à la redistribution des responsabilités.
Je vous invite à ne pas voir dans ce redéploiement une formalité mais l’occasion idoine de marquer une pause et de faire un examen de conscience, d’évaluer notre parcours, de corriger nos erreurs, de combler nos déficits, d’améliorer nos conditions de travail et nos performances et de relever le niveau et la qualité de nos prestations. C’est dans cet esprit que nous avons pris soin de faire, avec l’aide d’un expert indépendant et votre concours à tous, un bilan d’étape de notre trajectoire dans le but d’identifier les faiblesses, les carences et les dysfonctionnements et de procéder aux ajustements, aux corrections et aux améliorations qui s’imposent.
Cependant le travail en cours de l’expert qui ne porte que sur le fonctionnement du Conseil ne couvrira pas la totalité du bilan. Certains aspects, qui me paraissent importants et que nous devrons avoir présents à l’esprit, débordent la mission de l’expert et seront, de ce fait, évoqués ici.
Commençons par ce qui est positif. À l’actif du Conseil nous devons inscrire en lettres d’or, les réalisations les plus marquantes qui ont rythmé l’action de notre conseil durant les deux années et demie passées :
Parmi les réalisations que nous devons faire figurer en 1ère place je citerai dans l’ordre chronologique :
- Le rapport d’évaluation de l’application de la charte nationale 2000-2013, réalisé par l’Instance Nationale de l’Evaluation et enrichi par les débats de la plénière de septembre 2014 qui a servi de base à la construction de la feuille de route de la réforme éducative.
- La vision stratégique 2015-2030 construite avec la participation du plus grand nombre, qui a eu le mérite et le privilège d’être approuvée par Sa Majesté le Roi et validé par le gouvernement et qui bénéficie, au surplus, du soutien des forces vives de la nation et des acteurs du champ éducatif ;
- L’avis sur le projet de loi portant organisation de l’enseignement supérieur qui a abouti à la conclusion que ce projet n’est pas à même d’initier une réforme globale de l’enseignement supérieur ;
- L’avis sur le projet de loi-cadre sur la réforme du système éducatif qui est appelé à jouer un rôle décisif dans l’ancrage des principes et choix structurants de la réforme éducative et dans la consolidation de l’élan de changement de l’école marocaine ;
- Le rapport sur l’éducation aux valeurs approuvé par notre dernière session, après introduction de vos modifications et propositions, auquel nous allons consacrer bientôt un gros effort d’information et de communication ;
- Le projet de rapport sur l’éducation non formelle qui est soumis à la présente session ;
- Le programme national d’évaluation des acquis des élèves (PNEA) dont les résultats seront également soumis à votre appréciation au cours de cette session.
Autant de réalisations qui ont permis à notre Conseil, durant la première partie de son mandat, de constituer un capital important de productions dans le cadre de ses missions de consultation, de proposition et d’évaluation, au meilleur service de notre système éducatif.
Passons à présent aux aspects négatifs. Au passif de notre bilan, nous devons avoir le courage et la lucidité de faire figurer, avec regret, le non-respect des règles du bon fonctionnement démocratique de notre institution.
Il est vrai qu’il s’agit de cas isolés mais ils n’en portent pas moins un grand préjudice tant à l’image qu’au bon fonctionnement du Conseil. C’est pourquoi j’appelle solennellement au respect des règles du jeu qui régissent le fonctionnement de notre Conseil et ses processus de décision fondés sur la participation, la démocratie et le respect mutuel.
Des efforts doivent être faits pour que l’action de chacun d’entre nous au Conseil ne soit déterminée que par la seule réforme du système éducatif, la seule réhabilitation de l’école et le seul intérêt des jeunes générations.
Des efforts doivent être accomplis pour que chacun défende en toute liberté et avec conviction ses opinions personnelles et ses idées au cours des phases de réflexion et de débat et pour que nous nous conformions tous à ce qui a été démocratiquement arrêté par le Conseil.
Des efforts doivent être faits, enfin, pour que seuls les membres formellement autorisés puissent s’exprimer au nom du Conseil ; pour que le secret des délibérations soit rigoureusement respecté et pour que la presse et les réseaux sociaux ne soient pas utilisés pour créer de toutes pièces les nuisances médiatiques, ni pour étaler sur la place publique les divergences, naturelles et légitimes, qui précédent tout choix démocratique et sont les corollaires d’une gestion civilisée des différences de points de vue.
Nous sommes soumis à un devoir d’exemplarité car l’institution constitutionnelle de bonne gouvernance, de démocratie participative et de développement humain à laquelle nous appartenons, nous dépasse et dépasse nos personnes. Nous devons donc nous hisser à sa hauteur et à la hauteur de la mission qui lui est dévolue en donnant l’exemple par le niveau de nos débats, par la qualité de nos contributions, par notre niveau d’exigence, par une conduite irréprochable et par une ambition collective forte et exigeante, à la hauteur des défis.
L’immense chantier de la réforme du système éducatif fait la part belle à notre Conseil en tant que haut lieu de réflexion stratégique, en tant qu’espace d’impulsion et en tant qu’organisme d’évaluation des politiques publiques.
Nos forces, nous devons les consacrer à faire connaître nos positions et à les défendre, à convaincre et à faire adhérer le plus grand nombre, à mobiliser les acteurs pour qu’ils s’approprient la réforme. Nous ne devons à aucun moment dilapider nos forces dans des polémiques improbables qui n’ont pas de raison d’être.
C’est dans cette disposition d’esprit que nous devons entamer la 2ème moitié de notre mandat, par respect pour ceux qui nous ont investi de leur confiance ; par respect pour nos partenaires et pour nous-mêmes ; par respect pour les attentes sociales et pour les lueurs d’espoir que nous avons su créer et que nous ne pouvons décevoir ; par respect pour l’engagement solennel que nous avons pris de ne ménager aucun effort pour la réforme du système éducatif, pour l’amélioration permanente de la qualité de l’enseignement pour tous, pour l’école de l’épanouissement de l’élève et du citoyen de demain et pour l’école du progrès et du développement de toutes les composantes de notre société et de la cohésion sociale.